Gérard Le Cloarec

C’est sous le signe du présent conjugué avec le passé que nous apprécions les portraits de Le Cloarec, que nous les ressentons non seulement comme des hommages personnalisés, mais comme des situations visuelles menées au paroxysme de l’interactivité. Les portraits de Le Cloarec sont des moments privilégiés d’une intensité visuelle extrême, des moments d’humanité profonde au sein d’un temps fluide qui vit la fulgurance de son destin télématique. Pierre Restany – Critique et historien d’art.

Tain blafard. Un doigt sur le miroir tente, fidélité, de caresser les traits que l’artiste a figés un instant sur la toile, instant démesuré qui pourrait ressembler à une éternité. Fraîcheur du verre. Un doigt sur le miroir tente …
Faussaire ! Ce voyeur a les yeux aussi gros que son ventre, ce voyeur a des tics ou son style, un cerveau qui dévoie les messsages, tendresses, détresses, il se moque des photons comme de ses premières serrures.
Question d’âge, le mien ?
Un doigt. Je teste des lumières, des poses, des avantages. Je n’ose pas encore appeler, il suffit de se concentrer, d’éliminer le bruit, les touches, les couleurs, la fatigue, sinon …

Une photographie ne se discute pas. La chasser, la dater. C’est un événement véniel, un répertoire, une anecdote et, bien collée, pressée entre deux pages, elle acquiert la discipline de ne répondre qu’aux sollicitations.
Tandis que cette toile qui me nargue et qui me déplace vers un lieu jamais abordé, même frôlé; appréhendé !
Lieu que j’aurais déçu ?
Cette fameuse éternité a, parfois, des hoquets étranges. Je vais crever cette toile, ces lambeaux de moi-même, ce puzzle pour mes enfants.
Autant dire que je ne suis pas prêt à être reconstitué.
Demain, j’engage un autre artiste, un vrai, une bonniche à plein temps qui me peindra sans cesse, afin de vivre enfin sur ses surfaces aseptisées.

Yvon Bohers