Alain Dumas

«un bloc de granite ou de quartz est aussi spirituel qu’une pensée de Pascal». Maeterlinck

De l’écorce des pierres au cœur des bois

Poète du bois, Alain Dumas délaisse le chêne qui n’a de royal que l’appparence, son cœur est lisse sans cicatrices, il n’est que force, au service de la menuiserie servile du parfait ajustement. Arbre royal son bois est peu veiné, dit-il, en révélant, par cette référence au sang, véhicule des passions, une quête de la couleur cachée que rend visible l’art de polir le bois ou le marbre brut dont on dit qu’il est veiné. Avec gourrmandise, Alain Dumas choisit les fruitiers traversés de vaisseaux qui ont pris le sang de la terre pour l’ultime effort du fruit à la fin des toufffeurs de l’été.

Il révèle aux confluences des veinures, au nombre des cercles de croissance sur le bois, comme des ronds dans l’eau, une histoire de temps et de lumière dérobée aux cieux et cachée entre les spires du bois, en palimpsestes de plusieurs saisons ; les vaisseaux creux serpentent en marques ondulées, souvent secrètes au profane, d’un cycle à l’autre du temps. Trop pâle est le cœur d’un chêne royal et rien sous la main inspirée du Maître sculpteur.

Robert L.Liris