Nenad Zilic – Peintre

Au tout début de mes études, j’étais fasciné par l’anatomie, par le dessin. Influencé par la peinture de la Renaissance (celle de Vinci surtout), je pratiquais un dessin ambigu, en quelque sorte abstrait, presque arbitraire. Je l’introduisais à l’intérieur du volume pour y créer une forme dans la profondeur par le moyen du seul contour.

Je crois que cette manière de travailler m’a permis de développer mes capacités d’observation et de concentration. Avec le temps, mon dessin se faisait de plus en plus arbitraire, plus dense et tel ou tel fils de sa trame finissait par s’imposer. Après un certain temps j’ai compris qu’une telle procédure, pour se maintenir, doit s’allier à une connaissance de la matière organique.

Dans ce domaine pictural, je voyais deux exemples: F Bacon et A. Gorky. Cest dans leurs œuvres que je trouvais ce mode de tension et d’émotion qui m’encourageait. Il me donnait confiance dans le bien-fondé de ma propre réflexion sur la peinture à laquelle j’aspirais.

Dans plusieurs toiles, j’ai conscienciemment entretenu un rapport à la figure apparenté au leur, afin de pouvoir, tout en cherchant à l’intensifier, le dominer et le supprimer dans ma propre pratique.

Si l’on observe la figure dans l’espace en qualité d’éléments de l’expérience visuelle, l’une et l’autre ne sont pas égaux en puissance. Néanmoins, la figure et l’espace font un. Cette unité s’atteint non pas par une identification (l’espace devenant le tout ou bien la figure devenant le tout) mais par l’effet dfune différenciation et d’une unification (le dessin agit sur la forme en la différenciant, la couleur en l’unifiant).

Les structures anatomiques qui constituent le corps humain et la synchronisation de leurs fonctions qui anime ce corps sont synthétisées dans une figure privée de traits personnels, laquelle n’exprime ainsi que ses fonctions ontologiques et son potentiel dynamique.

L’espace en tant qu’il est énergie, possédant son potentiel dynamique, son intensité, s’intègre dans I’existence visuelle de la figure dont la puissance vitale est bien plus riche, plus dramatique, mieux organisée. Cest alors que s’amorce le processus d’une métamorphose commune à la figure et à l’espace.