Catherine Reineke – Daniel Maringue

Peinture ou murmure? Plainte ou prière? L’œuvre de Catherine Reineke-Manry, parce qu’elle est un voyage au cœur de la mémoire – c’est-à-dire au cœur de la conscience du temps – a tout à la fois la pudeur d’une caresse et le tourment d’un jaillissement. Le murmure est porté par un bruit d’aile, quand la peinture se fait mouvance. Et la prière résonne dans les abysses d’un monde englouti, à l’heure même où les colonnades de la cité renaissent dans la plainte d’une éclosion. Au pli de la lèvre qui s’entrouvre comme une blessure, et mieux encore comme une vague, il y a toujours une ovulation porteuse d’espérance.

Jean Louis Gauthier

Tout l’art de Daniel Maringue est nourri de ces résonances qui se heurtent aux carreaux d’une fenêtre close, où elles se déforment à la manière d’une eau. Est-ce une larme contre la vitre, ce reflet aux inquiétudes de nuit? Sur chacune des quatre faces du miroir se lit la quête d’une présence. Mais dans les volumes que décrit la réflexion des ombres, nul visage n’apparaît. Il faut attendre un autre carreau, cette fois usiné dans une crémation qu’on dirait céramique, pour que soit suggérée la fascination d’une figure humaine.

Jean Louis Gauthier