André Sablé

Des toiles envoûtantes par leurs couleurs, par les formes inusitées des sujets qui les habitent. On est en plein fantastique. H.Adam

Sablé peut définir parfaitement son art. Mais celui-ci nous en dit sans doute davantage dans cette fête du regard et de l’esprit qui nous est ici offerte.

Celle d’une « Réalité Seconde» selon sa propre expression, pour qualifier une œuvre profondément issue de la contemplation de la nature, des bondissements du cœur comme de la méditation de l’esprit. Œuvre de l’intelligence, à qui pourrait s’appliquer parfaitement cette réflexion d’un Krishnamurti « L’intelligence a en elle la capacité naturelle de ressentir aussi bien que de résonner et ces deux capacités sont présentes de manière égale, intense et harmonieuse ».

Termes qui éclairent bien la création de Sablé – œuvre de méditation – dont l’essentiel, dit-il, est touiours donné par l’imagination: « Imagination elle-même nourrie par la nature choisie à l’état pur, là où les sculpteurs ont été l’eau et le vent. Monde minéral érodé, sables modelés par les vagues, monde de la mer violente, forces végétales sourdes puis éclatées, monde du feu. Répertoire infini … Tremplin … »

Autant de réalités immédiates, perçues en leur profondeur de forces organiques et de manifestations évidentes de beauté qui permettent à Sablé de faire du tableau – de l’image qu’il propose – un lieu incantatoire et comme sacralisé.

Ainsi, cette peinture est-elle bien à l’image des forces fondamentales en leur « Réalité Seconde » répétons-le. Ce que Sablé affirmait dès 1963 lors d’une exposition parisienne à la galerie Gérard Mourgue, entouré de ceux qui, avec lui, allaient être à l’origine d’un regroupement de proches pensées. Proches mais non doctrinaires. Davantage visions d’artistes et de poètes issues du cœur et de l’esprit. Regroupement ouvert aux aventures nouvelles de la création plastique, hors de toute théorisation claustrale et mercantile.

Dès lors, il s’agit nullement d’un art de la facilité, mais d’une étrange et fascinante rencontre en symbiose du regard et de l’esprit selon le dire et le faire: là où la technicité la plus réfléchie devient expression du jaillissement poétique.

D’où cette fête qui nous est auiourd’hui offerte en contemplation comme en méditation.

Jean Rudel