DU 31 JUIN 2004 AU5 SEPTEMBRE 2004
Catalogue de l’exposition
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Catalogue de l’exposition Prix de vente du catalogue : 13€ |
Présentation de l’exposition
» Comment transformer ce trait obsédant qui creuse la douleur en une surface de lumière qui la fait vibrer » Evelyne Artaud
Ben-Ami Koller nous a quitté en 2008. Par respect pour ce grand artiste nous diffusons les textes édités dans le catalogue de son exposition considérant qu’il est toujours présent grâce à son oeuvre. NDR
Le geste et la matière
Ben-Ami Koller, dessinateur virtuose depuis près de trente ans, a pris, il y a quelques années, un pari difficile, un virage vers la peinture, sans savoir ce qui allait se passer, où il allait.
Voyage fascinant, rempli de souffrances, de difficultés, d’interrogations, avec toujours le souci de ne pas perdre le contact avec le réel.
La peinture qu’il nous propose est l’expression subjective d’une tension extrême, parfois violente, dans un enchevêtrement de couleurs, masses brisées et contrariées, dont la superposition provoque un solide empâtement et des harmonies lumineuses, réparties en masses fermement articulées.
La couleur devient la matière qui structure l’espace de la toile, comme création d’un univers: larges aplats à la spatule, couleur sortie du tube, mélangée, malaxée, broyée, salie, lavée parfois, brossée, fixée, bloquée dans ses débordements, magma travaillé avec ses accidents, ses collines, ses ravins, ses crevasses, ses sous couches qui affleurent parfois.
La notion de distance se brouille, chaque petit détail prend l’importance d’une variation capitale : volumes riches et tourbillonnants, chaos de traces, dans lequel une touche fait surface à certains endroits, puis à d’autres, puis s’enfonce à nouveau dans la matrice.
La couleur ne se contente pas de représenter, elle se fait pâte, substance, elle exprime par elle-même, dégage de l’énergie, construit la toile et renvoie la lumière comme force.
Les tons chauds et les tons froids restituent à l’oeuvre le tissu continu du visible, matière et ombre, pour retrouver le lien qui unit la couleur à la vie. Les ocres, les rouges sont substances, les bleus, les verts, liés à l’idée d’ombre, introduisent le doute. Le blanc est attente et renvoie aussi à une corporéité, à ce qui calme, à ce qui accentue le déploiement des autres couleurs.
La préoccupation de composition et d’équilibre est extrême. Le choix du format, carré souvent, offre une liberté illimitée au sens intérieur de la composition.
Au départ, il y a recherche de formes déterminées, un besoin de volumes, une envie de couleur, puis, pendant le travail, en provenance de la matière picturale, elle-même, surgissent d’autres formes et des directions imprévues, se joue une lutte, un combat entre les couleurs calmes et les parties mouvantes, nerveuses anxieuses, les éruptions, les bouillonnements, les vibrations. Si cette oeuvre présente parfois une grande correspondance avec le dessin, au niveau des valeurs, le travail dans la pâte de la couleur est générateur de plus grande liberté, mais aussi d’égarements d’accidents qui sont exploités pour exprimer l’angoisse.
Vient alors le temps de l’échange avec l’oeuvre en cours. La peinture réfléchit, se repose, évolue par elle-même. Puis se met en place une analyse de l’équilibre, une complicité entr l’oeuvre et l’artiste, un dialogue où il s’agit pour lui de ne pas s laisser séduire. l’oeuvre parle, lui parle, au risque de gauchir son oeil critique, a risque de l’abuser, de laisser passer des choses qui ne correspondent pas à sa sincérité. Il lui faut alors examiner, en attente d’autres pistes, reprendre, user de repentirs, gratter, rajouter, jusqu’à trouver l’accord, même si l’oeuvre semble grave, douloureuse et fait aimer lentement.
Il s’agit là d’un travail exigeant, minutieux, alliant spontanéité réflexion, d’un travail d’orfèvre, qui tisse le temps en amont dans la couleur, avec des vibrations minuscules, qui apparaissent lentement accrochent l’oeil, révèlent les formes cachées, indiquent un autre chemin, le petit jaune, le petit marron, le petit blanc ou le petit bleu que l’oeil ne saisit pas de prime abord, et qu’il obtient avec le temp en tissant le temps dans la matière colorée, en rythmant l’espace de la toile, Ben-Ami poursuit la même quête que dans son oeuvre de dessinateur et dépasse l’antinomie entre abstraction et figuration. suit une route déjà débroussaillée, où il trace son propre chemin fait de recherches, de luttes aussi, pour créer quelque chose de nouveau. Sa peinture lui reste fidèle, nous surprend et nous retient par la vigueur de son expressionnisme et le jeu subtil de ses vibrations qui nous amènent, par d’autres regards, vers d’autres découvertes.
Monique Amal
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Contact :
Site internet : www.benamikoller.com