André Bongibault

« ….je sais un graveur que les dieux ont proclamé gouverneur des nuées océanes » Jacques Defrenne – Nuées océanes.

André Bongibault, peintre-graveur (vit et travaille à Paris et dans l’Yonne) est l’une des figures majeures de la gravure contemporaine. Cette carrière entamée depuis longtemps l’a mené, après y avoir enseigné, à prendre en 1985, la direction de l’école municipale des Beaux-Arts de Chaville, dans les Hauts-de-Seine, où l’on peut travailler différentes disciplines artistiques. Depuis sa création en 1977, l’atelier de gravure qu’il dirige avec Christos Santamouris, n’a cessé de se développer donnant ainsi naissance, en 1998, à l’association « Estampe de Chaville » qui présente régulièrement le travail des artistes qui le fréquente.
Discret, passionné comme celui qui a goûté à cette magie, il aime son rôle de passeur du savoir, de montreur des alchimies concoctées dans les ateliers car il s’oublie alors un moment en guidant les autres. Et puisque toute sa création graphique repose sur le passage et la transformation, André Bongibault mène une quête symbolique et cohérente, faite de rencontres, d’échanges, de voyages et de méditation lorsqu’il retrouve son magnifique atelier, chargé d’énergies, baigné de lumière où raisonnent des musiques indiennes qui vous transportent ailleurs, dans son univers … un monde où les éléments se mêlent lorsque l’eau et la terre se lient, que les pleins et les vides s’ordonnent dans un savant chaos et que l’on entre dans ses images comme on part en voyage.

Longtemps édité par Jacqueline de Champvallins, exposé dans le monde entier, référence inévitable des grands collectionneurs, cet infatigable voyageur (à l’heure où ces lignes s’élancent pour vous, il conduit ses rêves entre Grèce, Turquie et Syrie) passionné de culture indienne, verra son premier livre édité et présenté cette année par Tanguy Garric, un homme de métier réputé pour son engagement dans la diffusion du livre en édition limitée l’un des principaux organisateurs du salon Page(s). Poursuivant une oeuvre peuplée de cuivres de très grands formats gravés à l’aquatinte et au burin (une des techniques les plus difficiles), le temps est venu pour André Bongibault d’assembler les images et les mots. Et quels mots … Des mots magiques, des prières écrites comme des signes d’espoir et de réflexion, des textes sanscrits extraits du Mahabharata, le livre sacré des Hindous.
Voici que naît «Bhagavad-Gitâ », le livre du bienheureux : un choix qui s’impose au regard de sa passion pour la philosophie indienne dont il s’imprègne depuis touiours. Un ouvrage dont les textes originaux trouvent naturellement leur place auprès de ses gravures. Préfacé par l’Académicien Pierre-Sylvain Fillioziat qui en est également le traducteur (devenu ami car les livres dont nous parlons nous (ré)unissent toujours), chaque double page où texte en sanscrit et gravure se répondent est suivie de sa traduction en français et en anglais. Un livre pour prendre le temps d’être et de devenir. Un livre qui trouvera sa place à notre chevet pour y goûter chaque jour, à l’heure du repos, la sagesse des écrits en méditant sur l’infinie vibration qui libèrent les images.

Revue « Azart» 2002 – Frédérique Danse